mardi 20 février 2007

Le monde merveilleux des insectes

On m'a souvent demandé pourquoi je n'ai pas poursuivi des études de biologie. Ma réponse est généralement que je n'ai très honnêtement pas la patience de retenir par coeur les subtilités de la nomenclature phylogénétique des insectes et des plantes ou, comme je me plais à le dire, à retenir par coeur l'encyclopédie des asticots.

ENCYCLOPEDIA ASTICOTA illustrée, en quatorze volumes, livre de chevet de tout bon étudiant en biologie

Ce n'est en réalité qu'une partie de la vérité. Mon terrible secret est que je déteste profondément les insectes et que l'idée de devoir en manipuler me retourne l'estomac.

Entendons-nous bien, ce n'est pas que j'ai quoi que ce soit contre le fait d'ouvrir le ventre d'un mammifère mort pour voir la manière dont il range ses organes.
Mais ma curiosité scientifique s'arrête à l'univers des créatures sans exosquelettes.

Dans mon article d'aujourd'hui, j'espère vous donner un bref aperçu des horreurs que recèle le terrifiant monde des arthropodes.


Les papillons

Commençons en douceur. Tout le monde aime les papillons, n'est-ce pas ?
GROSSIÈRE ERREUR.

Pourquoi aimer les papillons ?
Aimez-vous les chenilles ? Les grosses chenilles velues et toxiques, aux couleurs plus vives qu'une adolescente japonaise mal dans sa peau qui ne sait pas quoi faire de son argent ?

De mon temps, le ridicule tuait...
et c'était peut-être pas plus mal !

La vérité est qu'en dehors de quelques entomologistes plus dérangés que les autres, personne n'aime les chenilles. Vous voulez voir une chenille mignonne ? En voici une.


On a presque envie de caresser sa jolie fourrure et sa tête de film d'horreur !

Grossière erreur. Le contact avec les chenilles de Megalopyge opercularis est extrêmement douloureux. L'espèce de fourrure qui leur recouvre le corps cache en réalité une série d'épines toxiques qui provoquent de très désagréables lésions de la peau.
(plus d'images ici)

Bien sûr, vous n'avez a priori pas besoin que je vous en montre un spécimen velu et que je vous explique qu'il se nourrit exclusivement de la chaire de bébés orphelins pour que vous reconnaissiez que vous n'aimez pas les chenilles.

Il est par contre plus difficile, en général, de faire admettre aux gens que les papillons sont des monstruosités miniatures, des preuves vivantes qu'une divinité bienveillante ne peut avoir créé toute la vie sur Terre.

Voilà ce à quoi les gens pensent quand on leur dit "papillon". Joli, certes, mais...

Avez-vous déjà observé un papillon de près ? Comment expliquer que ces horreurs ailées reçoivent infiniment plus de sympathie qu'un bourdon ou qu'une mante religieuse, qui sont pourtant à peu près aussi inoffensifs ? Sommes-nous à ce point stupides que nous accordons automatiquement des valeurs positives aux animaux qui nous paraissent esthétiquement agréables ?

Mesdames messieurs, en exclusivité sur PaulBinocle.blogspot.com, la véritable nature des papillons :

CE SONT JUSTE DES CHENILLES AVEC DES AILES

Ou en tout cas, ils n'en sont pas très loin. Si vous n'aimez pas les chenilles, pourquoi apprécier leur version volante ? Vous n'aimez (probablement) pas les contrôleurs des impôts, les aimeriez-vous plus s'ils avaient des ailes ?

Ceux qui les étudient ont bien compris qu'un bon papillon est un papillon mort, avec un pieu planté dans le coeur pour s'assurer qu'ils le restent pour longtemps.

Un papillon n'est pas un "gentil" insecte, il est insensé d'attribuer ce genre de valeur arbitraire à un animal. Dans la mesure où de nombreuses chenilles sont même franchement dangereuses, il serait erronné de dire que les papillons sont inoffensifs.

Aussi, la prochaine fois que vous voyez un papillon, faites votre devoir. Plantez-lui un clou dans le bide et placez-le dans un cadre au-dessus de votre cheminée, entre vos autres trophées de chasse.


Les coccinelles

Les papillons ne sont pas les seuls insectes à bénéficier d'un traitement de faveur injuste par rapport à leurs autres cousins insectes. En fait, un animal plus que tout autre a trop longtemps joui d'une réputation positive imméritée : la coccinelle.

Bête à bon dieu, hein ?
Faites votre devoir, aidez-la à le rejoindre !

Tout le monde l'adore. Je ne sais pas ce qui lui vaut autant de sympathie. Est-ce sa couleur vive, sa forme lisse et agréable, le plaisir de compter ses points ou ces deux grosses taches blanches qui évoquent de grands yeux innocents ?

Les coccinelles sont juste des coléoptères comme les autres. Vue de près, leur tête n'est pas plus charmante que l'arrière-train d'un alien. En-dessous des taches blanches et pures de la carapace luisent deux petits yeux gris sans vie ni émotion, radars primitifs qui guident les coccinelles dans leur massacre de pucerons.

Avez-vous déjà vu une larve de coccinelle ? Fermez les yeux quelques secondes pour en visualiser une.
C'est fait ? Vous la voyez ? Menteur, vous avez les yeux ouverts si vous lisez ceci.

Vous savez, peu importe, dans le fond. Si vous n'avez pas imaginé ce monstre, vous avez perdu :

50% chitine, 50% épines.
100% mal concentré.


Je ne sais pas quel genre de "bon dieu" accepterait qu'un associe son nom à ce genre d'horreur, mais il y a fort à parier qu'il n'a pas créé l'Homme à son image.

Bref, comme les papillons, les coccinelles sont issues d'un stade larvaire particulièrement dégoûtant. On ne le dira jamais assez : laisser vivre une coccinelle, c'est lui donner l'occasion de se reproduire et de faire déferler sur le monde une horde de démons miniatures de ce genre :

Quelque chose d'aussi laid a forcément envie de mourir...
...ou de vous dévorer la cervelle.


Imaginez à présent que vous êtes un puceron. Vous déjeunez tranquillement sans rien demander à personne, en compagnie de vos amies les fourmis, lorsqu'une ombre apparaît soudain sur une des feuilles qui vous surplombent...

La carapace luisante d'un tank près à l'assaut, des mandibules acérées prêtes à tout déchiqueter, deux yeux sans vie qui ne mangent qu'à manger...
Mauvaise journée pour votre alter-ego puceron !

Vous vous retournez pour fuire, mais il n'y a rien à faire. Le monstre est trois fois plus grands que vous, en trois enjambées de ses innombrables pattes effilées, il se trouve au-dessus de vous. Sans l'ombre d'une hésitation, sa bouche s'abat sur votre corps délicat et entreprend de vous réduire en une pâte informe facile à digérer.

Vos restes, une fois leurs nutriments absorbés par le système digestif de ce béhémoth écarlate, n'auront même pas droit à une sépulture décente. Pas de happy end pour les pucerons, dans un monde de coccinelles !

*Bruits de mastication dégoûtants sur fond de musique triste*

Il faut bien que les coccinelles se nourissent, me direz-vous. Certes, mais... avez-vous déjà essayé de faire preuve d'affection envers une coccinelle, en caressant délicatement sa carapace ?

Si c'est le cas, si vous faites parties des idiots naïfs qui ont tenté de faire un pas vers ces insectes sans pitié, vous connaissez déjà la réponse des coccinelles à cet acte de bonne volonté : faire semblant d'être mortes et vous enduire la main d'un liquide puant.

Si les coccinelles étaient des extraterrestres fraîchement arrivés de l'espace intersidéral, ce genre de faux-pas diplomatique déclencherait immédiatement une guerre intergalactique qui s'étendrait sur plusieurs siècles. Pourquoi faire preuve de plus de clémence envers les coccinelles qu'envers d'hypothétiques visiteurs de l'espace ? Ces derniers auraient au moins une excuse pour être laids : ils ne viennent pas de chez nous.

Comment l'équipage de l'Enterprise auraient-ils réagi si le salut vulcain avait été de les asperger avec des secrétions corporelles puantes ?


Le mille-pattes que vous n'aimeriez pas croiser

À ce stade, je suppose que vous êtes peu convaincus. Des papillons et des coccinelles, cela ne dégoûte pas grand-monde de l'univers des insectes. J'ai volontairement voulu éviter les classiques comme "les larves de moustiques sont pas belles" ou "les guêpes, ça pique, c'est mal".

Mais je réalise que mes histoires de chenilles volantes et de dévoreurs de pucerons auront laissé certains d'entre vous sceptiques. En conséquence, je vous propose maintenant de découvrir un insecte des plus charmants : le scolopendre géant du Vietnam, et son comportement face à une souris.

ATTENTION : la vidéo qui suit est particulièrement gore. Je vous conseille de n'en regarder que les premières secondes pour vous convaincre de la justesse de mon propos.

Spoilers : le mille-pattes géant attrappe la souris et lui dévore les entrailles. C'est tout. À moins d'avoir un esprit particulièrement cruel et/ou un goût prononcé pour la musique classique, ne regardez pas cette vidéo pendant quatre minutes.


Pourquoi les Vietnamiens achètent-ils encore des films d'horreur s'ils ont ce genre de monstres dans leur jardin ?!

Ce gros insecte a plus de pattes que de neurones - et il met en pièce et déguste un petit mammifère, le tout en quelques secondes.
N'allez pas croire qu'il a juste eu de la chance. Si j'en crois mes recherches sur Youtube - une source d'information fiable dans le domaine des sciences ! - ces serpents à pattes se nourissent exclusivement de souris vivantes, de chauve-souris (!) et de tarantules. Vu leur apparente capacité à vaincre à peu près n'importe quel être vivant, je ne serais pas non plus surpris si Chuck Norris et Superman faisaient partie de leur alimentation quotidienne.




Je pense que cela suffira pour aujourd'hui. Si vous n'êtes pas encore convaincus du fait que les insectes sont des monstruosités issues des profondeurs de la Terre pour nous punir de nos pêchés, j'en rajouterai une couche à une date ultérieure.

J'espère que cette mise à jour vous a plu, parce qu'elle m'a en tout cas beaucoup amusé. La semaine prochaine, je vous montrerai des limules retournées et des bizarreries subaquatiques que des gens ont fait passer pour des extraterrestres dans des vidéos.

PS : estimez-vous heureux que je vous ai épargné l'extraction de larves d'insectes exotiques divers dans les parties les plus inattendues de l'anatomie humaine.

Pour conclure, quelqu'un a tout de même réussi à trouver une application (assez peu glorieuse) aux insectes :
Tous les hommes sont égaux devant un urinoir.