dimanche 29 juillet 2007

Jack Chick, ou "ma religion est la bonne et vous allez tous brûler en enfer"

Dans mon article sur Harry Potter*, j'ai fait allusion aux tracts légendaires dessinés par Jack Chick, fondamentaliste protestant qui n'a pas peur d'écrire ses opinions et la Vraie Parole de Dieu (j'espère qu'écrire son nom ne m'a pas définitivement condamné à passer l'éternité en enfer, même si je dois vous avouer que j'ai déjà commis beaucoup de pêchés aux yeux de son Dieu, comme regarder dans la direction générale d'une femme, me curer le nez ou laisser vivre un fan de Harry Potter).

*techniquement, je n'ai pas encore eu le temps de finir cet article-là mais, comme cet article-ci était prêt et que je vais être absent ce week-end, je me suis dit que j'allais les publier dans le désordre et espérer que personne ne le remarquerait. Ma théorie personnelle est que personne ne lit ce que j'écris et que mes visiteurs se content de regarder les images.



Jack Chick, auteur au potentiel humoristique hors du commun est injustement méconnu du public francophone. J'entends réparer cette injustice en présentant sur ce blog les meilleurs extraits de ses oeuvres.

J'espère qu'il reconnaîtra la justesse de mes intentions et qu'il laissera Dieu juger seul de l'éventuelle punition à m'infliger pour cette publication sans autorisation de dessins apparemment sous copyright.

DISCLAIMER IMPORTANT : cet article manque horriblement d'images en couleur. Si les images en noir et blanc et/ou la perspective de votre inévitable damnation éternelle vous dépriment, je vous invite à porter une de ces paires de lunettes 3D qui font mal aux yeux durant la totalité de la lecture :

Vous êtes déjà condamnés à brûler en enfer jusqu'à la fin des temps, des lunettes qui donnent la migraine ne pourront pas faire significativement empirer les choses.


Aujourd'hui, je vais vous présenter brièvement :

LES DERNIERS SACREMENTS
Par Jack Chick

Vous trouverez la totalité du tract (en français !) sur le site de Jack Chick.


Tout commence par une soirée sombre et pluvieuse. Quelque part sur une route, un couple...

Déconcentré par le français approximatif de sa femme, qui n'a visiblement pas eu le temps de choisir entre ses trois insultes (ou a voulu traduire littéralement male chauvinist pig), ce pauvre homme ne remarque pas un piéton et l'expédie promptement passer ses derniers instants à l'hôpital le plus proche.


Notre innocente victime, Jean Sullivan, n'a que le temps de demander un prêtre et de se confesser avant de passer de vie à trépas.
Mais est-il vraiment innocent ?

Un employé de Angel Airlines vient s'occuper de son cas personnellement. Cela sert, de connaître le pape !


L'ange, tandis qu'il accompagne l'âme du mort vers le paradis (apparemment situé quelque part dans l'espace intersidéral), explique alors à Jean à quoi il doit s'attendre :

Hé oui : l'ange pense que Jean a été trop bon, et qu'il va à présent le payer.
Avec horreur, Jean réalise qu'il a été contaminé par le défaut d'élocution de la dame dans la voiture : il est, pour reprendre ses mots, en trouble. Pauvre Jean.


Car en trouble, il l'est en effet ! Il arrive bientôt devant l'Éternel lui-même, qui lui dit simplement :
Comme un gothique à l'entrée d'une discothèque branchée, Jean se voit refuser l'entrée du paradis parce que son nom n'apparaît pas dans la liste des invités.
Tandis que, sur Terre, le prêtre récite toutes les bonnes actions que Jean a accompli dans sa vie pour l'église, Jean lui-même tente de négocier avec Dieu en lui rappelant les bonnes actions qu'il a accomplies.
Réussira-t-il ?

~Interlude~
Le suspense est insoutenable.

Dieu, qui a l'éternité devant lui, accepte d'écouter le plaidoyer de Jean :

Dieu n'approuve pas les bonnes oeuvres.


Mauvais début pour Jean ! Mais il persiste à vouloir se défendre et, ce faisant, aggrave son cas :

Il a prié Marie ! Dieu lui explique que c'est de l'idôlatrie et que Jean-Paul II séjourne actuellement (et à jamais) en enfer pour un crime identique.
Vous avez bien lu : Dieu accepte que l'on prie Jésus (c'est-à-dire lui), mais pas Marie, car il est un Dieu jaloux.


Les problèmes familiaux de Dieu/Jésus sont cependant le cadet des soucis de Jean car, quand il essaye de faire valoir le fait qu'il allait à la messe régulièrement, Dieu lui répond que la messe n'apparaît pas dans les saintes écritures !
Pire que cela :

On dirait que c'est fichu pour Jean : si même le vin censé symboliser le sang de Jésus ne peut nettoyer le pêché originel, le seul espoir de Jean aurait été de retrouver le Saint Graal. Malheureusement, cet imbécile a consacré sa vie à être bon envers son prochain plutôt qu'à rechercher une relique dans un but égoïste.


Même superpape va finir en enfer.


Jean commence à réaliser que la partie est finie, ses arguments faiblissent :

Pauvre Jean, qui a stupidement cru ce qu'on lui a enseigné en toute bonne foi.
J'espère que le Tout-Puissant me pardonnera ce très mauvais jeu de mot, même si je réalise qu'il y a déjà depuis longtemps une place à mon nom en enfer et que rien de ce que je ferai ne pourra y changer quoi que ce soit.


Jean essaye de se défendre une dernière fois en disant qu'il s'est confessé auprès du père Damien, qui l'a pardonné. Malheureusement pour lui :

Jean comprend que sa vie est un mensonge. Il se permet tout de même de demander à Dieu pourquoi, dans son omniscience et son omnipotence, il n'a pas levé le petit orteil pour détromper ses millions de fidèles qui pensaient bien faire.


Dieu se défend : il a envoyé une fanatique distribuer un pamphlet au discours plein de haine à Jean, qui a mal réagi !

Dieu ne précise pas comment Jean aurait dû faire la différence entre cette espèce de témoin de Jéovah qui l'a abordé pour attaquer ses croyances, et les innombrables autres personnes dans le même style qui font du porte à porte et prétendent eux aussi délivrer les (Vraies) Paroles de DIEU.


Quand il était jeune, Jean a aussi fait 20/20 à une interrogation sur l'évolution, plutôt que d'agresser son professeur de biologie pour lui faire manger une bible.
Impardonnable.

Jean a vraiment été bien naïf de croire que Dieu était amour :

Pour sa peine, il va passer le reste de l'éternité à faire trempette dans un étang de feu. La sagesse de Dieu est évidente : plutôt que de punir l'Église Catholique Romaine, il envoie tous les gens qu'elle a abusés à une torture perpétuelle.


Mais Jean ne peut pas croire que Dieu est injuste. Il doit exister, d'une manière ou d'une autre, un moyen de se rattraper, de se faire pardonner ! Jean a bien compris la leçon, il pensait bien faire, n'a-t-il pas droit à une chance de rédemption ?

Eh bien...
Non.



THE END




TU N'AS PAS ENVIE DE FINIR COMME JEAN ? ALORS, TOI AUSSI, DEVIENS UN CHRETIN FONDAMENTALISTE GRÂCE À CE DOCUMENT OFFICIEL :

Ce ticket permet l'entrée au paradis, à condition d'avoir coché "oui", d'avoir trouvé le Saint Graal et d'avoir abandonné toute notion selon laquelle Dieu serait amour et pourrait pardonner les pêchés, ou selon laquelle le père Damien ou Jean-Paul II auraient été des gens biens.

Dieu est jaloux. Dieu ne pardonne pas ceux qui croient en l'église romane catholique. Dieu n'aime pas qu'on prie sa maman ou les gens qui font de bonnes oeuvres. Dieu veut qu'on lui obéisse strictement.

Être un bon croyant selon Jack Chick, c'est avant tout vivre dans la peur de Dieu et de l'enfer.

Ayez la foi, mais uniquement par égoïsme, pour éviter de finir dans un lac de feu. De toute façon, ne vous fatiguez pas à essayer de faire plus de bien que nécessaire, car si votre nom n'est pas dans le Livre de la Vie, vous êtes de toute façon fichus.

Gardez tout cela en tête, et une éternité de bonheur loin de l'étang de feu des incroyants (ou mal-croyants, comme Jean) s'offrira à vous !

Maintenant que vous savez tout cela, vous pouvez aller "annoncer Christ aux autres" dans un français approximatif.
Godspeed !


Pour conclure sur le même ton :

Ces adorables chats, tout comme le chaton pastafarien du début de l'article, finiront aussi en enfer.

Pour paraphraser Diderot :

Ôtez la crainte de l’enfer à un fondamentaliste, et vous lui ôterez sa croyance.