mardi 2 octobre 2007

Les grands moments de la politique

En cette période de grande incertitude dans la politique belge, j'ai pensé qu'il serait amusant d'essayer d'expliquer les complexités absurde de notre système politique et les raisons supposées de la crise de ménage entre la Wallonie et la Flandre.

Je me suis vite rendu compte que ce n'était pas très drôle, ni pour les Belges ni pour les autres lecteurs : les médias belges ont depuis longtemps fait le tour du sujet, et les médias étrangers ont compris dès le départ que les problèmes de politique intérieure belges passionnent moins leurs téléspectateurs qu'une partie de curling en bullet time.

Après des années d'étude, le professeur Tournesol a conclu que les blagues sur le thème "orange bleue" ont cessé d'être drôle il y a maintenant plusieurs semaines.


Quitte à aborder un sujet vaguement politique sans faire preuve d'une originalité débordante, je me suis dit que j'allais plutôt partager un véritable scoop avec vous :


BREAKING NEWS
Il a osé le dire !

Paul Binocle : "Les hommes politiques peuvent être amusants, parfois."


Cette déclaration stupéfiante a été prononcée par le bloggeur à lunettes ce mardi en début de soirée, alors qu'il rédigeait l'un de ses articles. Très choqués, ses trois lecteurs (et une mouche particulièrement sensible et loquace qui passait par là) ont immédiatement tenu à signaler leur désapprobation.

"Je suis très choquée", a déclaré Ferdinande P., lectrice du blog, "et je tiens immédiatement à signaler ma désapprobation."


Le personnage controversé avait déjà défrayé la chronique en 1999, lorsqu'il avait affirmé devant un public médusé que "il ne pleut peut-être pas tant que ça en Belgique".

Face à la réaction massivement négative de l'opinion publique, il fit alors croire à sa mort et se réfugia dans un petit village d'Amérique du Sud, d'où il fut chassé à coups de pierres quelques semaines plus tard pour avoir critiqué les pluies tropicales de la région.

"Il est évident que ma déclaration a été mal interprétée", a tenté de se défendre Paul Binocle. "Ce que je voulais dire, c'est que dans certaines circonstances, il arrive que des politiciens puissent paraître drôles, probablement involontairement, et selon les goûts humoristiques discutables de certaines personnes bizarres uniquement."

"De plus, je conteste la capacité de cette mouche soit-disant particulièrement « sensible et loquace » à porter un jugement valable sur mon travail. J'ai de très sérieuses raisons de soupçonner que cet individu a un intérêt malsain pour les excréments, ce qui jette à mon sens le discrédit sur son sens du goût."

Cette allusion peu délicate à leurs pratiques alimentaires peu hygiéniques aurait provoqué un suicide collectif de mouches.

"Pour terminer", a-t-il conclu, "je n'ai aucun remord à parler de moi à la troisième personne si j'estime que cela peut apporter quelque chose à un article, ni à justifier des vacances prolongées en Amérique du Sud par des explications douteuses."

Plus d'informations dans l'édition de ce soir.


Le plus triste est qu'un tel article mériterait plus de faire la première page des journaux belges que les innombrables articles sur "pourquoi les Flamands en veulent aux Wallons", "est-ce la fin de la Belgique ?" ou "mille sondages sans intérêt pour comparer les dentifrices préférés des Wallons et des Flamands : des points de vue inconciliable ?".


Même si cela peut paraître difficile à croire, les hommes politiques peuvent effectivement être drôles, à condition que des conditions très particulières soient réunies :
  • il faut qu'ils aient bu, ou tentent de parler anglais (ou les deux !)
  • ils ne doivent pas être en train d'essayer d'être drôles. Un politicien ne peut être drôle volontairement.
  • la scène doit être filmée, sans quoi les éventuels témoins seront accusés de mensonge ou d'hallucination collective.


Pièce à conviction n°1 - les bilingues



Le premier ministre de l'époque, Jean-Pierre Raffarin, tente de convaincre les Français de voter pour la constitution européenne.
"Win the yes needs the no to win against the no."




Le président Jacques Chirac perd son sang-froid et son accent anglais lors d'un voyage en Israël.
"This is not a method. Please, you stop now."




Le président Sarkozy tente de convaincre des investisseurs.
"We will be happy to help you make money in France... and of course, to make some money with you - for us !", mais c'est surtout l'accent qui fait le charme de la scène.




Pièce à conviction n°2 - les buveurs



Pour ne pas changer de personnage : le même président lors du G8, après un entretien avec Vladimir Poutine.




L'incroyable Michel Daerden, homme politique belge qui ne boit pas forcément que de l'eau, et star internationale sur internet.



Le même Michel Daerden expliquant... quelque chose.



Au prochain épisode : Paul Binocle se fait lyncher pour avoir suggéré que "George W. Bush n'a peut-être pas que des idées désastreuses, après tout."


Pas plus que d'habitude !


Daerden, en réponse à la question "aviez-vous bu le soir des élections ?"